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LE DIALOGUE AVEC GERARD 343

ment supérieur aux autres — c'est un héros qui n'était pas modeste. Et tandis qu'une sainte jalousie ne m'eût pas laissé de repos avant de l'avoir dépassé, cependant, pour le monde, j'aurais accepté de paraître moins que lui.

GÉRARD, après avoir regardé la photo. — Tu me la donnes ?

ANTONIN. — L'extraordinaire chose ! J'ai sur moi la photo d'un garçon à qui j'ai parlé une heure en tout peut-être dans ma vie, avec qui je n'ai pas échangé une lettre, dont je n'ai même pas su où il habitait, — et toi, tu ne l'as jamais vu, et tu me la demandes ! Ah ! que n'aurait- il accompH, celui-là, s'il avait vécu ! (Un temps. A lui- même.) Rien, peut-être.

// a donné la photo. Gérard, la met dans son portefeiiilte.

GÉRARD. — Dis donc, il faut que je te demande quelque chose...

ANTONIN, rempli de gravité. — Demande.

GÉRARD. — Tu ne sais pas où je pourrais acheter un bouchon par ici, parce que Dubois m'a parié que je ne pourrais pas en allumer un avec une loupe, au soleil.

ANTONIN. — Excuse-moi. J'en étais encore à Dejoie. Si c'est tout l'effet que ça te fait !

GÉRARD. — Qu'est-ce que tu veux, il est mort. Tout le monde meurt.

ANTONIN. — Tu ne diras pas ça quand tes parents mourront.

GÉRARD. — Si, je pleurerai un peu ; et puis je dirai : « Il fallait bien qu'ils meurent. » C'est un raisonnement à se faire.

ANTONIN. — Oui, c'est bon. — J'avais autre chose

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