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��LE DIALOGUE AVEC GERARD

UN CHAPITRE DE MA LUTTE CONTRE LA MORT

Si tu plaisantes, on ne peut plus jouer.

ANTON IN, 22 ans, mobilisé comme auxiliaire à Paris. GÉRARD, douze ans et demi, frère d'un de ses amis.

AUX CHAMPS-ELYSÉES, PENDANT LA GUERRE

ANTONIN, l'abordant. — Gérard, Dejoie a été tué !

GÉRARD. — Je viens de l'apprendre.

ANTONIN. — Et il y a trois jours encore, tu te sou- viens, je te parlais de lui. Ce garçon que j'ai connu à peine, je te disais combien j'aurais aimé que toi, tu le connaisses. — Tiens, sa photo. {Pendant que Gérard la regarde,) Il y a des gens qui sont des héros nés. Ils n'ont pas encore fait leurs preuves, et^déjà ils emportent l'admiration. Qu'avait-il fait d'exceptionnel, ce Dejoie ? Il était très brave, mais pas plus que beaucoup d'autres. Pourtant je le mettais à part ; je faisais de lui un type ; je recueillais ses attitudes et ses actes ; j'aurais voulu lui construire une légende et je sais qu'il m'en eût su gré, car — et c'est peut-être le seul point où il ait été franche-

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