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NOTES 313

d'un dogme, victimes de théories basées sur autre chose que l'exercice d'un sentiment profond ou la connaissance deS lois éternelles de la peinture. andré lhote

Expositions : Pavillon de Marsan : René Piot. — Le cas de M. Piot est tragique. Ce peintre connaît son métier autant qu'on puisse le connaître aujourd'hui ; il l'apprit des Musées, dont il est demeuré le prisonnier. S'il regarde des soldats affairés et disséminés dans la cour d'une ferme, ou égrenés dans une plaine neigeuse, il voit moins ces tristes hommes qu'un cher souvenir d'un tableau de Breughel le Vieux. Une charge de cavalerie suscite en son esprit le spectre de Paolo Ucello ; une maison incendiée tourne pour lui seul ses volutes de flamme ainsi qu'en une page de livre d'heures. Un paysage de sapins ou des arbres en fleurs lui rappellent des estampes japonaises feuilletées un soir d'hiver. Toute émotion née d'un spectacle vivant ricoche immédiate- ment en son cerveau vers quelque souvenir pictural. Les tons eux-mêmes de ses peintures ne sont pas posés nettement, dans toute leur fraîcheur naissante, mais martyrisés, patines comme ceux des tableaux vieillis. Ils ont l'air de refléter le douloureux débat qui a lieu dans l'âme de ce peintre, dont il semble qu'on touche la personnalité mieux dans cette salle du fond, où sont réunies de très belles copies de Piero délia Francesca, de Rubens, de Botticelli, que dans les salles précé- dentes, qui ne paraissent être de celle-ci qu'un reflet affaibli.

Galerie L. Rosenberg : Juan Gris et Séverini. — M. J. Gris, qui est, avec M. Braque, en quelque sorte le plus actif traducteur logique des intuitions de M. Picasso, nous montre des œuvres dont les plus attachantes ne sont pas les plus réussies. Ses natures mortes, d'une parfaite tenue, procèdent cependant un peu trop les unes des autres. Une technique précise, rigoureusement appliquée en chaque toile, donne à l'œuvre totale une unité que nous préférons

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