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NUIT A CHATEAUROUX 269

— Hope of a bright day, of a sweet day !

— Day ! hurla-t-il ouvrant la bouche avant les yeux. Et le Jour, et Day, naquit...

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��C'est aujourd'hui ma première sortie de l'hôpital. Je pars ce soir pour Paris. J'ai dit que je prendrais le train de cinq heures, je prendrai celui de neuf. J'ai quatre heures, j'ai un sixième de jour pour revoir la ville où j'ai passé six ans. Ma valise est dans un café près de la gare, mais je porte le Falconnet et le Natoire, j'évite chaque bousculade, je laisse une marge à chaque maison, chaque passant, je tourne avec autant de précaution autour des places et des statues de Châteauroux qu'autour des sou- venirs leurs images. J'achète des cartes postales. J'achète l'Avenir de l'Indre. (Vous qui me lisez, prenez garde. Vous savez ce qui arrive quand je débute ainsi par petites phrases... Vous savez qu'en moi s'agite ce vocatif que mes maîtres de grec m'ont transmis et qui vit en moi comme un asthme, que le moment n'est pas loin où je vais adresser la parole à un arbre même, à un passant, à une ville... Je me contiens... je me contiens...)

O Châteauroux, ville la plus laide de France, ô tilleuls sur lesquels sont gravés les premiers prénoms que j'aie jamais entendus, ô mur derrière ce terrain vague, si banal, et que je reconnaîtrais en Chine! O Châteauroux, pour la première fois je connais de toi d'autres rues que celle qui te traverse de bout en bout, la seule que nous suivions pour les promenades. Je prends toutes tes rues trans- versales, je te bouscule, je te décoiffe, je t'aime, comme

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