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igS LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

de l'ignorance de l'âme. Et cette silencieuse race est le seul écho que nous puissions percevoir du silence premier de la création.

Silence de la prière et silence du vœu, silence du repos et silence du travail même, silence du septième jour mais silence des six jours mêmes ; la voix seule de Dieu ; silence de la peine et silence de la mort ; silence de l'oraison ; silence de la contemplation et de l'offrande ; silence de la méditation et du deuil ; silence de la solitude ; silence de la pauvreté ; silence de l'élévation et de la retombée, dans cet immense parlement du monde moderne l'homme écoute le silence immense de sa race. Pourquoi tout le monde cause-t-il, et qu'est-ce qu'on dit. Pourquoi tout le monde écrit-il, et qu'est-ce qu'on publie. L'homme se tait. L'homme se replonge dans le silence de sa race et de remontée en remontée il y trouve le dernier prolongement que nous puissions saisir du silence étemel de la création première.

Comme tout homme de ce temps et digne du nom d'homme, comme tout homme de ce temps honteux de son temps, fier de sa race, tournant le dos à tout un monde l'honune se retourne vers sa race. Qu'en reste-t-il au monde. Qu'en reste-t-il en dehors de lui ; et en lui qu'en reste-t-il. Il se retourne, il veut au moins se retremper . dans la mémoire qu'il en a. Derrière sa mère, derrière son père, qu'il n'a pas même connu, cette muraille, cette silencieuse paroi, ce rang de quatre illettrés. Et une parole remonte à l'homme du fond des temps : La lettre tue.

Littera occidit. Littera necat. Comme tant d'autres i! savait ce mot de meurtre et il ne savait pas que c'était

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