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NOTE SUR M. DESCARTES 187

marchand de bœufs des plaines de la puUa ou à quelque marchand de chevaux des immensités du tchernosioum, quand il remonterait à quelque marchand d'allumettes du Bas-Empire ou d'Alexandrie ou de Byzance ou à quelque Bédouin du désert, le Juif est d'une race où l'on trouve toujours quelqu'un qui sait lire. Et non seulement cela, mais hre pour eux ce n'est pas lire un livre. C'est lire le Livre. C'est lire le Livre et la Loi. Lire, c'est hre la parole de Dieu. Les inscriptions mêmes de Dieu sur les tables et dans le hvre. Dans tout cet immense appareil sacré le plus antique de tous, lire est l'opération sacrée comme elle est l'opération antique. Tous les Juifs sont lecteurs, tous les Juifs sont liseurs, tous les Juifs sont récitants. C'est pour cela que tous les Juifs sont visuels, et visionnaires. Et qu'ils voient tout. Pour ainsi dire instantanément. Et que d'un seul regard ils par- courent, ils couvrent instantanément des surfaces.

Peut-être une pénétration plus profonde et pour ainsi dire moelleuse est-elle réservée à celui qui ne sait pas lire (on m'entend bien) et peut-être une troisième dimen- sion est-elle accordée à celui qui n'est pas visuel. Quoi qu'il en soit, et l'introduction de ce battement, ou plutôt de la considération de ce battement, est d'une consé- quence presque infinie, dans la catégorie sociale à laquelle nous nous référons, et qui est peut-être la seule impor- tante, le cathohque, ou plutôt commençons par l'autre bout, le Juif est un homme qui lit depuis toujours, le protestant est un homme qui lit depuis Calvin, le catho- lique est un homme qui lit depuis Ferry.

Un autre jour, et que je ne tiendrai pas à nous entre- tenir uniquement de Descartes, il faudrait essayer de

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