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NOTE SUR M. DESCARTES 179

l'inquiétude chrétienne et qui jouent tant de pauvres comédies pour le nier; (et pour se le nier) ; ceux qui sont dévorés de l'inquiétude chrétienne et qui ne songent pas même à le nier. Ni l'une ni l'autre de ces deux fois, ni la foi judaïque, ni la foi chrétienne ne sont des sortes d'apparaux réservés aux êtres extraordinaires. Elles sont en un sens, et Pascal l'avait fort bien dit, tout ce qu'il y a de plus commun. Le même débat étemel et le même débat capital se joue dans la vie de tous les jours, dans l'homme de tous les jours. Moïse est tous les jours pour le Juif. Jésus est tous les jours f>our le chrétien.

Portant de si hautes destinées nos philosophes des- cendent. Ici encore éclate la différence et la contrariété de leurs deux races. Le Juif trouve naturel d'être malade. Fils et pour ainsi dire cellule et fibre élémentaire d'une race qui souffre dans les siècles des siècles et qui vaincra l'irnivers à force d'avoir été malade plus longtemps que les autres, il dit, il sait que le travail spirituel se paye par ime sorte propre de fatigue inexpiable. Il trouve même que c'est juste. Il trouve même que c'est encore très bien comme ça. Il compte les jours où il va bien. Il les admire. Il trouve qu'on a encore bien de la chance. (Au fond, il ne le dit pas, mais il est un vieux Juif, et il trouve que le Seigneur est encore bien bon comme ça, de ne pas être pire). Il compte les jours où il a pu travailler. En somme, il y en a beaucoup.

k. Sournois, rebelle, fils de la terre, le chrétien vit dans une révolte constante, dans une rébellion perpétuelle. Élevé dans une maison où sa mère a travaillé pendant quarante et cinquante ans dix-sept heures par jour à rempailler

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