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NOTE SUR M. DESCARTES I7I

comprennent à de certains signes. Et ils s'entendent avant que de parler. Et ils se trouvent avant que de se cher- cher.

Un goût secret les rassemble ou si vous voulez les assemble des coins les plus secrets et de préférence des partis les plus contraires. Je ne dis pas seulement des partis politiques les plus contraires, je dis aussi des partis intellectuels les plus contraires, des partis spirituels les plus contraires. Ils aiment les beaux joueurs. Ils aiment mieux les partenaires que les partisans. Ils se reconnaissent entre eux avant que de s'être dit un mot. Ils ont un goût secret pour l'adversaire. Ils ont un mépris secret pour le partisan. L'adversaire n'est pas seulement utile. Il n'est pas seulement le point d'appui et le fleuret indispensable. Il n'est pas seulement l'inévitable complice. Il est infi- niment plus et infiniment mieux. Il n'est pas seulement l'amateur. Les partisans sont des amateurs. Mais l'adver- saire est le professionnel. Il est celui qui sait de quoi on parle. Il aime ce que l'on connaît si bien ( la thèse adverse, toujours présente). Et il connaît si bien ce que l'on aime, la chère thèse de pensée infiniment plus profonde que ce que l'on en fait voir, infiniment plus filleule et plus affectueusement fomentée que ce qu'on en peut laisser voir. Et il connaît si bien les rebords de la mauvaise foi, et que d'aimer, c'est de donner raison à l'être aimé qui a tort.

Et que c'est de défendre ce que l'on sait bien qui est indéfendable.

Tous les deux nous les supposerons éclairés de ce mutuel regard, entendus de cette mutuelle entente, animés de ce mutuel respect. Tous les deux et l'un vers

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