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144 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

En reprenant sa tâche, la Nouvelle Revue Française, qui eut l'honneur de le compter au nombre des siens, tient à rendre un pieux hommage à cette admirable figure d'un grand artiste qui sut être en même temps un grand cœur.

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��CHARLES PÉGUY, ALAIN FOURNIER.

La Nouvelle Revue Française donnera bientôt des frag- ments de la Note sur Descartes, à laquelle Péguy travaillait d' arrache-pied au moment de la mobilisation et qu'il desti- nait à notre numéro de septembre 19 14. Il est probable aussi qu'elle publiera un peu plus tard des fragments du roman et de la pièce qu'Alain Foumier venait de mettre sur le métier, quand la guerre le prit.

Ainsi s'offrira une occasion toute naturelle de parler de nos deux disparus. Nous l'attendrons; car seule elle nous permettra de pénétrer dans l'intimité de leur talent et de faire revivre avec précision leur mémoire.

Mais nous ne pouvons reprendre aujourd'hui notre tâche d'écrivains sans méditer un instant sur leur sacrifice, sans nous le représenter par le dedans, sans comprendre avec le désespoir qu'il faut, combien toute récompense que nous y pourrons imaginer restera à jamais lointaine, impuissante, dérisoire.

« Morts pour la France ». Il faut ôter à ce titre splendide ce qu'il a pris, pour avoir été mérité, hélas ! par trop de gens, de trop courant, de trop naturel. L'ingratitude du cœur humain est si profonde et si active qu'elle a bien vite rendu ces quatre mots synonymes des plus ordinaires ; on ne réalise plus ce qu'ils contiennent ; on a mis sous eux une de ces « idées toutes faites » que Péguy détestait plus que tout au monde ; on s'en sert même, dans bien des cas, pour expédier plus vite et plus commodément les mémoires qu'on n'a pas la force de soutenir.

On ne se représente plus assez, déjà, ce que c'est que de

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