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« Dès avant la guerre, Einstein jouissait d’une immense réputation parmi les physiciens, à cause de sa découverte du principe de relativité. Disons d’abord quelques mots de ce principe.

Clerk Maxwell avait montré que la lumière est un fait électro-magnétique, et il avait réduit toute la théorie de l’électro-magnétisme à un petit nombre d’équations qui ont servi de base à tous les travaux ultérieurs. Mais ces équations impliquent l’hypothèse d’un éther et la notion de mouvement par rapport à l’éther. Tant que l’éther est supposé en repos, un tel mouvement est indiscernable du mouvement absolu ; dans ce cas le mouvement de la terre (relativement à l’éther) doit n’être pas le même aux différents points de son orbite, et des phénomènes mesurables doivent résulter de ces différences de mouvement. Or, rien de tel ne s’est manifesté dans les faits, et toutes les tentatives faites pour mettre en évidence les effets d’un mouvement par rapport à l’éther sont restées vaines. La théorie de la relativité réussit bien à rendre compte de ce fait négatif, à la condition de renoncer à la notion d’un temps unique et universel, et d’introduire celle de temps locaux attachés aux corps en mouvement et variant avec ces mouvements. Les équations qui expriment cette théorie sont dues à Lorentz ; mais Einstein les a adaptées à son principe général, qui peut s’énoncer ainsi : rien, dans les phénomènes observables, ne décèle le mouvement absolu qui entraîne l’observateur.

Dans la dynamique selon Newton, le principe de relativité revêt une forme plus simple, qui ne nécessite pas la substitution du temps local au temps universel. Mais il est apparu de nos jours que la dynamique de Newton n’est valable que si l’on se borne à considérer des vitesses de beaucoup inférieures à celle de la lumière. Tout le système de Galilée-Newton tend à se présenter comme une première approximation, d’autant moins exacte que les vitesses considérées sont plus voisines de la vitesse de la lumière.