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NOTES IIO7

il faut un sujet, une idée centrale, des types, des scènes, une exposition, un développement, un dénouement. Il faut une charpente dramatique, des situations, de la psycho- logie... » Le cinéma n'est donc pas le Messie des ignorants, cet art idéal où l'on excellerait dans le mépris de toute règle, de toute tradition. M. Diamant-Berger est le Boileau de l'art cinématographique. Ecoutons-le: « L'auteur doit ménager ses effets et ne pas les gaspiller inutilement. Les expressions lumineuses doivent avoir un sens prévu. » Entendez que le style se pare d'images, mais se nourrit de sens. Les effets photographiques, jours frisant, éclairages rares, flous ou contrastés, ce sont les métaphores du film. Il ne faut pas en abuser.

« Le cinéma, dit encore notre auteur, n'est pas l'image de la vie, comme on le répète à tort et à travers, mais de la vraisemblance », juste et fine remarque : c'est pour cette raison que le cinéma est un art, parce que l'art c'est la vrai- semblance, c'est-à-dire la vie recréée par la mémoire et l'imagination humaines.

D'autres passages seraient à citer : « Le cinéma est un art d'évocation, la vision qui évoque une idée doit être assez précise pour fixer nos sensations, elle doit disparaître assez tôt pour être regrettée. » Et l'auteur revient fréquem- ment sur cette idée qu'un art qui ne laisse rien à imaginer est fastidieux...

Tout ce qu'on dit de trop est fade et rebutant ; U esprit rassasié le rejette à l'instant.

C'est plaisir de rencontrer des réflexions de cet ordre dans un ouvrage de vulgarisation, d'ailleurs fort bien écrit, et qui montre partout un écrivain moins soucieux d'être original que d'être utile et véridique.

ROGER ALLARD

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