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NOTES IIO5

mais rien que cela ». Il se remémore avec nostalgie les heures de jaillissement irrésistible. Il se revoit l'enfantant. Mais elle n'est point un passé mort sur lequel il ne lui resterait qu'à veiller stérilement ; elle est là encore, vivante à jamais, elle est lui ; c'est bien elle qui se parachève dans cette rêverie d'automne où les nuances amorties du regret passent insensi- blement dans les tonalités ardentes de l'évocation. Au terme de la Sonate pour piano et violon et aussi de la Fantaisie, on croirait vraiment assister à l'embrasement lyrique d'une vie consumant en une iambée sans lendemain les fruits lentement mûris de l'épreuve et du désir.

GABRIEL MARCEL

��LE CINÉMA ZT SES CRITIQUES.

Beaucoup d'amateurs de projections cinématographiques ont été frappés par la disproportion des moyens et des résultats obtenus et surtout par l'asservissement de cet art aux con- ventions scéniques. Il semble que les gens [ui « travaillent dans le cinéma » aient été pris de vertige devant le vaste champ ouvert à leur initiative et se soient accrochés aux portants de leur vieux théâtre mélo- vaudevillesque.

Dans le même temps qui voit prominer maint directeur de journal dénué d'orthographe, cependant que des mar- chands de biUets gouvernent l'art dramatique, il y aurait mauvaise grâce à s'étonner que la direction « artistique » de grandes firmes cinématographiques soit assumée par des illettrés, ou des ratés de la figuration. C'est malheureusement ce qui parait ressortir de deux ouvrages consacrés au cinéma par MM. Louis Delluc et Henri Diamant-Berger ^ . L'un ironise

I. Louis Delluc, Cinéma et Cie (Payot) ; Henri Diamant-Berger ^e Cinéma (Renaissance du Livre).

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