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NOTES * IIOI

sonnalités apparussent en plus fort relief, au lieu d'être noyées dans une accumulation de précisions par trop accablante pour notre attention et notre mémoire. M. Opienski n'en a pas moins très nettement montré la progressive pénétra- tion de l'influence française et de l'influence italienne dans le terrain perméable de la musique polonaise primitive. Les mélodies populaires archaïques antérieures à cette période d'occidentalisation (chant du Houblon, prière aux divinités slaves, etc.) sont certainement parmi les plus frappantes que cite M. Opienski ; elles font penser aux plus beaux chants populaires russes; M. Opienski ne nous en donne malheureuse- ment que de rares et courts extraits. On ne peut s'empêcher de se demander s'il n'y avait pas dans ces accents naïfs et émouvants plus de spontanéité musicale véritable que dans les savantes constructions ultérieures dont M. Opienski nous livre plusieurs exemples d'ailleurs remarquables. D'une façon générale, l'intérêt le plus vif qui s'attache à l'histoire de la musique en Pologne me paraît consister dans la labo- rieuse accommodation réciproque d'éléments disparates, d'influences irréductibles qui se combinent peu à peu au sein d'une sensibiHté à la fois vibrante et plastique. Mais on voit aussitôt la question fondamentale : y a-t-il eu avant Chopin une musique strictement polonaise, c'est-à-dire qui, ou bien ne dût rien à la production étrangère, ou tout au moins sût renouveler par sa vertu propre ce qui ne lui avait d'abord été que transmis ? Ni les afîirmations assez sommaires de M. Opienski, ni les textes musicaux dont il nous donne communication, nem'enont convaincu, je l'avoue; je vois bien qu'un Goudimel ou un Palestrina ont trouvé en Pologne d'admirables disciples ; le Sanctus de Bartho- lomée Pekiel est d'une largeur magnifique, comme aussi un récitatif du même auteur qui fait penser à Monteverde ; et l'on ne peut oubUer VAgnusDei d'André Paszkiewicz aux inflexions si persuasives et si nobles ; mais y a-t-il rien là

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