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1092 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

rées par les scènes du soulèvement révolutionnaire de 1905, en Russie, et qui me paraissent très supérieures aux œu- vres qui ont valu à cet auteur les faveurs de la critique et du public.

La comparaison est tout à l'avantage de Prikaz, auquel un thème solidement construit assure une unité réelle. En dépit d'un pittoresque dont l'exotisme manque parfois de naturel, d'un début dont le sublime forcé évoque la moins bonne manière d'Apollinaire, et de quelques traits de sadisme macabre, il y a de la force et de la grandeur dans ce poème dont les chants tournent sur l'axe du mysticisme révolu- tionnaire entre les pôles delà Haine-Innocence et de l' Amour- Crime.

... Comme Von doit s'aimer sur un radeau qui sombre ! Comme on s'y doit haïr d'y n'être que des hommes ! Des gestes fraternels Dieu seul dira le nombre. Des crimes accomplis Dieu seul fera la somme.

Et le poète qui pouvait s'en tenir là, ajoute ces deux- vers dont le premier est moins mélodieux que les forfaits célébrés par le second :

Mais les crimes sont-ils pas aussi accomplis selon Dieu ? Il est des forfaits mélodieux.

Qu'on s'y prenne comme l'on voudra, on ne fera pas rendre à ces vers le son des quatre précédents. Pour que la disson- nance intéresse ou surprenne il faut qu'elle ressorte sur un accord de sonorité ; sinon je n'entends plus qu'un bruit confus où la pensée même se dissout.

Cela, M. André Salmon le sait aussi bien que moi. Il sait bien ce qui fait la différence d'un vers comme celui-ci :

Mais les crimes sont-ils pas aussi accomplis selon Dieu à cet autre :

Maintenant il se peut que les étrangers soient vainqueurs,

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