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RÉFLEXIONS SUR LA LITTÉRATURE IO7I

gnages sur les mœurs de l'époque. Je ne reproche d'ailleurs rien à M. Hermant, je sais les nécessités du journalisme, et il m'est toujours loisible, s'il paraît un Cadet de Coutras, de relire Courpière ou les Grands Bourgeois. Je signale simple- ment des Cadets de Coutras sur le chemin possible de Simon et de Jean. Mais pourquoi M. Giraudoux ne serait-il pas de taille à éviter ce péril ? Les quatre héros de l'Ecole des Indifférents et de Simon le Pathétique forment un tout complet qui, d'être unique, demeurera plus exquis. Pro- vinciales indique des sources d'émotion nuancée et riche, auxquelles M. Giraudoux n'a jusqu'ici presque pas touché et qui rendent vraisemblables de beaux romans frais, toufîus, fleuris et vivants. L'auteur du Petit Duc saura sortir de lui ou plutôt découvrir en lui des pays nouveaux que, de cer- tains sommets de son œuvre, nous apercevons déjà.

Certains sommets comme ces vingt dernières pages de Simon, si déUcates, si tempérées, si musicales. Et si riche que paraisse un jour la diversité épanouie des romans que j'appelle, tous les thèmes en sont d'avance, j'en suis sûr, contenus dans Simon, comme tous les thèmes barrésiens étaient compris dans un Homme libre. Sans doute les romans de M. Giraudoux cristalliseront toujours autour de sensibi- lités enfantines et féminines, et lui qui, durant la guerre fut, à ce que disent les autres, un fameux homme, un poilu vraiment et beaucoup là, n'écrira que pour tenir sous des yeux neufs de lycéen des visages fins, lumineux, pleins de deux yeux ouverts où se font des voyages infinis. Il gardera toujours certaines puissances d'enfance qui lui maintiendront dans l'ombre sa rosée jusqu'au soir. Il ne sortira jamais tout à fait du lycée. Admirable condition pour être aimé d'hommes à qui la guerre, de dix-huit à cinquante ans, a permis de refaire quatre ou cinq ans de lycée, et de retrouver tout leur visage d'autrefois à ce détour de leur destinée.

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