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DONOGOO-TONKA 1025

��Projections successives, puis simultanées.

1. Lamendin sur son paquebot. Un petit temps bru- meux. Les méditations de Lamendin se diffusent dans le brouillard. Une de ses visions devient pourtant assez consistante pour que nous en discernions quelque chose.

Un homme, qui ressemble à Lamendin, qui doit être Lamendin lui-même, est debout, lié à un piquet. On ne sait quoi fume et flambe sous ses pieds. De grands diables gesticulant et couronnés de plumes font une danse autour de lui.

2. Le Trouhadec dans son cabinet de travail. Il songe à Lamendin, à ce navire trop lent, qui porte leur fortune.

Le songe nous devient perceptible.

Il y a un bateau, au milieu de l'Océan. Sur ce bateau, Lamendin, beaucoup trop grand, démesuré, sans aucune proportion raisonnable avec les cheminées et les mâts.

Le navire est désespérément immobile, ou il avance si peu que c'est tout comme.

Alors le Trouhadec, lui-même gigantesque, met les pieds dans la mer, en pleine mer, juste derrière le navire. Il s'arc-boute contre le navire ; il pèse et pousse de toutes ses forces. Mais la mer résiste comme de la poix.

3. Le banquier cesse d'écrire, et se renverse dans son fauteuil. Il plisse tristement le front, passe deux doigts sur ses yeux. Nous voyons sa pensée. Lamendin ! Lamen- din bien en rehef, dur, roide, comme un manche d'outil, Le banquier empoigne Lamendin, le remue, le brandit, comme le manche d'ime 'pelle ou d'un pic. Une rude besogne semble s'accomphr. Mais soudain il demeure

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