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^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

ces barrières, attaquées jadis sans succès, tomberont sans utilité. Si j'étais venu annoncer à Gilberte mon indiffé- rence future et le moyen de la prévenir, elle aurait induit de cette démarche que mon amour pour elle, le besoin que j 'avais d'elle, étaient encore plus grands qu'elle n'avait cru, et son ennui de me voir en eût été augmenté. Et il est bien vrai, du reste, que c'est cet amour qui m'aidait, par ies états d'esprits disparates qu'il faisait se succéder en moi, à prévoir, mieux qu'elle, la fin de cet amour. Pour- tant, un tel avertissement, je l'eusse peut-être adressé, par lettre ou de vive voix, à Gilberte, quand assez de temps eut passé, me la rendant ainsi, il est vrai, moins indispensable, mais aussi ayant pu lui prouver qu'elle ne me l'était pas. Malheureusement, certaines personnes bien ou mal intentionnées lui parlèrent de moi d'une façon qui dut lui laisser croire qu'elles le faisaient à ma prière. Chaque fois que j'appris ainsi que Cottard, ma mère elle- mênae, et jusqu'à M, de Norpois, avaient, par de mala- droites paroles, rendu inutile tout le sacrifice que je venais d'accomplir, gâché tout le résultat de ma réserve en me donnant faussement l'air d'en être sorti, j'avais un double ennui. D'abord je ne pouvais plus faire dater que de ce jour-là ma pénible et fructueuse abstention que ces fâcheux avaient à mon insu interrompue et par conséquent annihilée. Mais, de plus, j'eusse eu moins de plaisir à voir Gilberte qui me croyait maintenant non plus dignement résigné, mais manœuvrant dans l'ombre pour une entre- vue qu'elle avait dédaigné de m'accorder. Je maudissais ces vains havardages de gens qui souvent, sans même l'intention de nuire ou de rendre service, pour rien, poor parler, ^quelquefois parce que nous n'avons pas p« nous

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