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dans notre désir de vous être agréables ; nous vous offrirons cinq mille livres ; c’est en conscience tout ce que nous pouvons faire.

Irnois, à cet étrange discours, pensa que les brigands voulaient ajouter la raillerie à la férocité et se proposaient de l’égorger en riant. Sa peur redoubla, et s’il ne se fût cramponné des deux mains à l’arçon de sa selle, il serait certainement tombé de cheval. Le cavalier, le voyant muet, ne commit aucune violence, salua au contraire, et retourna vers ses compagnons.

Irnois, dont les dents claquaient, s’aperçut bientôt que deux hommes se détachaient de nouveau du groupe et se dirigeaient vers lui. Ils l’abordèrent non moins poliment qu’avait fait le premier, et l’un d’eux prit la parole :

— Allons, monsieur, dit-il, vous avez décidément l’esprit prévenu ; ne parlons plus de cinq mille livres ; mettons-en dix et concluons.

« Oh ! les scélérats ! se disait Irnois au comble de l’épouvante, les scélérats ! »

Pourtant, cette fois encore, il ne lui arriva aucun mal. Les cavaliers, après avoir attendu inutilement sa réponse, s’éloignèrent, et la conférence recommença entre eux et leurs compagnons. Enfin, toute la bande se dirigea vers Irnois qui, pour le coup, se tint assuré d’être arrivé à sa dernière heure. Mais quelle fut sa stupéfaction, quand le cavalier qui lui avait parlé d’abord lui dit :

— Monsieur, vous êtes au moment d’avoir une mauvaise affaire !

— Ah ! monsieur, répondit Irnois d’un air lamentable, que je vous aurais de reconnaissance si vous vouliez bien m’en tenir quitte !