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��LES REVUES

��Il paraît un peu partout des fragments inédits de Stendhal et le moindre a de l'intérêt ; mais il en est peu d'aussi lourds de sens que celui que publie la Revue Bleue du 6 juin. Il est daté du 7 janvier 1806.

Samedi soir 4 janvier, j'ai peut-être eu le plus fort accès de passion que j'aie jamais éprouvé. Il était si fort et me laissait si peu la i bcrté d'être attentif que, quoiqu'il n'y ait que trois jours, je l'ai presque oublié.

La passion mise en jeu était l'ambition. Une lettre de mon grand-père, reçue la veille ou l'avant- veille, la réveilla. Ici le mot est propre : je relisais VA'vare^ j'avais parfaitement senti les premiers actes ; la lettre arrive, je la lis comme par manière d'acquit ; je reprends ensuite ma lecture, mais je n'étais plus attentif, j'étais à me figurer le bonheur que j'éprouverais si j'étais auditeur au Conseil d'Etat ou tout autre chose.

Ces sentiments roulèrent dans mon âme. Enfin, le samedi soir, dînant par extraordinaire avec M[élanie], je devais être le plus heureux des hommes par l'amour ; il me sembla entièrement éteint, et peu à peu je devins d'une ambition forcenée et presque furieuse. J'ai honte d'y penser, je me trouvais de plain-pied avec les actions les plus ambitieuses que je connaisse.

A Grenoble, entendant my great father speaJ^ng of my sister Pauline^i possible death^ je vis que les caractères étaient bien aisés à peindre, qu'il fallait tout bonnement se supposer désirable ou haïs- sable ce que ce personnage désire ou hait, et raisonner sainement sans jamais reculer devant les résultats étranges ou outrés en appa- rence auxquels un raisonnement juste pourrait conduire. J'écrivis cela sur mon Molière.

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