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150 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

première à l'intérêt scénique. Mais pourquoi avoir supprimé la scène finale, cette étonnante entrée du Roi de France, des corps de l'Etat, des Rois de l'Europe, qui venaient se grouper en une vivante image d'Epinal aux couleurs brutales et naïves, et cachaient comme un bruyant rideau les corps de Sygne et de Georges de Coûfontaine, et tout le drame ? Cette scène eût-elle été comprise par le public éminemment raisonnable que constituent les Parisiens ? Je ne sais ; elle atteste pourtant, dans une œuvre comme V Otage, l'admirable liberté du génie de Paul Claudel.

Il convient d'ajouter que le rôle de Sygne de Coûfontaine a trouvé dans M*"® Eve Francis une interprète émouvante. Les autres rôles étaient tenus par MM. Lugné-Poe, Savoy, Barbier et Froment.

André Fernet.

��LA MUSIQUE

LA SAISON RUSSE : LE ROSSIGNOL, opéra en trois tableaux à^lgor Stravinsky, d'après le conte à' Andersen. — LE COQ D'OR, opéra en trois tableaux de Rimsky-Korsakozv. — LA LÉGENDE DE JOSEPH, ballet en un acte de Richard Strauss sur un livret de Hugo von Hoffmansthal et du Comte Harry Kessler (Opéra).

Il arrive à Stravinsky une assez étrange aventure. Après avoir écrit une œuvre qui était la réalisation magnifique d'une esthé- tique jusque là embryonnaire et confuse, voici qu'il en écrit une autre pour démontrer cette esthétique, et pour la démon- trer mot à mot, minutieusement, petitement, avec une applica- tion qui rappelle la façon écolière et indigente dont on la manifestait avant lui. Il me fait penser à un général qui aurait oublié complètement qu'il vient de remporter une grande vie-

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