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984 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

men n'ont pas perdu leur temps. Au cours de Taprès-midi, nous nous trouvons devant la baie de Fort Rupert. Un phoque se chauffe au soleil et les saumons sautent par milliers. Nous traversons la baie en pirogue, contournons une pointe et débarquons à Port Hardy. Ici on n'a même pas l'illusion d'une ville future. Une petite boutique- auberge tenue par une Indienne, un semblant de wharf pour accueillir le steamer à sa visite bi-mensuelle, voilà tout Port Hardy. La ligne de chemin de fer, qui desservira le nord de l'île, doit avoir comme point terminus soit Fort Rupert, soit Port Hardy ; d'où réclame folle autour de ces villes problématiques.

En débarquant à Port Hardy, j'apprends que le vapeur attendu n'arrivera peut-être que le lendemain. De toutes les concessions voisines, des hommes sont venus pour chercher leur courrier. Le centre de ralliement est la petite auberge au bord de l'eau. Ces hommes jouent aux quilles pour passer le temps. Assis sur le vv^harf, mes trois compagnons font une partie de cartes. Quand je suis fatiguée de regarder sauter les saumons, je pars en pirogue pour pêcher avec deux fillettes indiennes ; nous revenons bredouilles. A côté de la boutique, sur le mur d'un petit hangar où l'on fume les saumons, sont clouées des peaux d'ours fraîches. Des hommes arrivent en bateau à naphte avec un plein chargement de poissons. Ils viennent de tuer un loup tout près d'ici. Maintenant, assis sur le bord de l'eau, ils l'écorchent. Je fais la connaissance d'un vieux sang-mêlé, qui se trouve être un érudit sur toutes les questions indiennes. Il me décrit des danses où les exécu- tants paraissent couverts de duvet d'aigle. Je l'écoute longtemps, assise sur le ponton. Il fait froid. La nuit

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