RÉFLEXIONS SUR LA LITTERATURE 88 1
portes de sa clinique ; Thomme politique place l'univers dans le
cercle étroit où mugissent les passions parlementaires ; l'avocat...
mais pourquoi, Messieurs, multiplier les exemples ? " Pourquoi,
rJMaître, ne pas les multiplier ici précisément ? C'est que celui-ci
y exhale clairement de toutes les plaidoiries que collige M. Payen.
- La profession de l'avocat exige qu'il emporte un jugement comme
l'orateur parlementaire emporte un vote : en laissant le moins
[possible à l'auditoire ou à l'auditeur le temps de se reconnaître,
(en étant le plus fort, par tous les moyens, selon les lois de la
iguerre, à un moment donné. Voyez la différence entre la
î plaidoirie d'un avocat d'assises et celle d'un avocat d'affaires.
j.A égalité de réputation, et en considérant des têtes de file,
Icomme M. Henri-Robert et M. Poincaré, une plaidoirie du
■second tient beaucoup mieux la lecture qu'une plaidoirie du
premier. En matière d'affaires le jugement n'est pas immédiat, il
intervient parfois assez longtemps après la plaidoirie, et il retient
Ides raisons, des preuves, des appels à la loi, plus que des états
d'émotion ou de passion. C'est d'ailleurs là un principe, non
un fait. " Ce n'est pas à dire, écrit M. Payen, qu'on ne fasse
plus appel à la sensibilité des auditeurs. La Cour de Cassation
elle-même, disait quelqu'un qui la connaît bien, juge presque
toujours en fait. Et qu'est-ce que juger en fait, si ce n'est
laisser fléchir la rigueur des principes sous le poids de raisons
que la stricte raison juridique ne comprend pas? " Il n'en est
pas moins vrai qu'il y a là un ordre de beauté qui suit l'ordre
de vérité, qui à son plus haut point non dans la stricte raison,
mais dans la saine raison juridique, son point inférieur dans
l'appel à la sensibilité animale. " Il ne faut, dit M. Payen,
même aux assises, toucher le clavier des sentiments qu'avec une
extrême prudence. A plus forte raison devant les tribunaux
civils : débordés par les affaires, les juges sont pressés de juger.
Ils demandent des faits et des arguments, et je dirais qu'ils se
passent volontiers d'éloquence, si l'éloquence n'était précisément
et avant toutes choses l'art d'exposer les faits et de développer
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