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CHRONIQUE DE CAERDAL 86 1

ne se donne pas pour autre que Ton est. On ne daigne pas mentir, ni à soi ni aux autres. Y eût on intérêt, on ne le peut pas. Que Torgueil est donc sincère ! C'est ce qu'il a de beau. Enfin, si l'on est menteur de nature, on ment avec sincérité.

La sincérité consiste à ne pas feindre un rôle, quand on est fait pour en jouer un autre. Il se peut, après tout, que tous les hommes jouent un rôle.

11 est difficile qu'un sot soit jamais sincère.

On peut être intelligent et mentir. Mais on est sincère dans le mensonge, si l'on ne se ment pas à soi même. La plupart des hommes mentent moins aux autres, qu'ils ne se mentent, chacun à soi. Il est clair qu'il y a infiniment plus de sots dans le monde que de vrais fourbes. Mais il y a plus de fourbes encore que d'esprits sincères.

La sincérité n'est pas l'intelligence : elle en est l'usage viril. Le véritable orgueil l'exige.

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��Tolstoï, qui a tant appris de Stendhal, et d'abord à peindre la guerre, lui a pris aussi son idée du mensonge universel, qui est la vanité de chaque homme, et le commun ressort de la vie sociale. La sincérité est l'antidote du vain amour propre.

La vanité est l'universelle faiblesse. La modestie

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