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858 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Les nigauds appellent cette passion là une passion romantique. Julien n'est pas plus romantique que Phèdre ou Hamlet. Il n'y a de romantique, il me semble, que Tart sans conscience : être intérieur, être vrai avec soi même, ne pas être dupe, c'est assez de vertu, et la plus classique.

Napoléon est pourtant le hasard, la guerre, la matière toujours brutale, quoi qu'on fasse, et la victoire. Julien Sorel est la volonté de la toute puissance qui se change, à l'apogée, en volonté d'amour ; et cette force si belle court à la seule beauté qu'elle pût envier encore : à une sublime défaite. Elle s'y précipite avec ivresse. Julien Sorel veut être Napoléon. Mais depuis Stendhal, qui- conque, à vingt ans, veut être Napoléon, rêve de Julien Sorel.

II

HOMME QUI NE DATE PAS

Dans son marais de Civita Vecchia, derrière un( triple clôture de bassesse, de mauvais air el d'ennui, Stendhal est pris au piège ; et pour se mieux moquer de lui, la fortune a voulu que les rets fussent italiens. Que va-t-il faire dans sa cage à cafards et à moustiques ? Il ne peut plus vivre| que pour l'an 1880 et l'an 1940. Point d'autre; parti : qu'il le veuille ou non, c'est pour être un jour le grand Stendhal, que le petit consul respire.

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