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LA JEUNESSE D IBSEN 77

absorbant. Il allait à la chasse avec des amis de Skien, son voisin Cudrio, propriétaire de Sœndre Venstœb, et parfois son autre voisin Lœvenskjold, le châtelain de Fossum. Même, des gens de Skien, qui avaient formé une société de tir, se réunis- saient, s'exerçaient, et tenaient la fête de leur concours annuel à Venstœb, évidemment moyen- nant une certaine contribution. " J'ai eu l'impres- sion, dit mon informateur, qu'en somme on avait mené là-haut une vie assez gaie " ^

Le jeune Henrik avait sept ans et demi lors- qu'on alla s'installer à Venstœb. On a beaucoup dit que le changement de fortune avait produit sur lui une impression profonde. Enfant précoce, d'une sensibilité vive, esprit réfléchi, on ne peut douter qu'il en a été frappé. Mais on a évidemment exa- géré le contraste entre les réceptions si fréquentes dans les deux maisons de Skien, et la misère de Venstœb. A en juger par l'ironie d'Ibsen au sujet du paysage de pure architecture qu'il avait sous les yeux dans sa première enfance, on croirait plutôt que l'habitation à la campagne a dû lui être d'abord assez agréable, et que c'est seulement plus tard qu'il a compris la signification et l'importance du changement survenu.

Peut-être cependant s'est-il senti plus seul à la campagne qu'à la ville, où il avait déjà des cama- rades de son âge. Il avait, il est vrai, deux frères

1 Lettre de M. H. Houen.

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