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PARSIFAL 763

je veux dire l'œuvre où son génie trouve son emploi le plus plein, le plus complet. Ce n'est point un drame, mais d'un bout à l'autre une immense et impérieuse salutation musicale. Et, comme par chaque vague le mouvement d'ensemble de la mer, le rythme en est donné par la révérence inflexible que dessine chacun des thèmes de l'ouvrage.

Nous comprenons maintenant le véritable sens de la continuité vvragnérienne. J'imagine assez bien quel dut être jadis l'étonnement de Debussy en face de Wagner: il voyait l'inventeur de la continuité musicale négliger de s'en servir pour la seule fin qui lui semblât, a lui, naturelle : l'expression dramatique. Que l'on songe à l'impatience que devaient donner à quelqu'un qui déjà sentait en lui l'admirable " parlé ", tout immédiat et serré, de Pelléas^ les phrases toujours difficiles, toujours lointaines et inappliquées de la déclamation wagnérienne. Et n'est-il pas bizarre en effet de voir combien Wagner, ce grand tenant de la conséquence, a peu respecté les échelles de la voix, les passages et les enchaînements mélodiques, tout ce qui fait l'accent ? Mais il faut se rendre compte qu'il ne cherchait pas l'accent. Sa continuité est surtout or- chestrale ; et elle n'a d'autre fin que de lui laisser la faculté de choisir lui-même le moment de ses introduc- tions et de lui réserver tous les soins qu'elles nécessitent. Un air est une forme fixe, qui détermine à l'avance les endroits où pourront se produire des entrées et la manière dont elles se produiront ; il rend inutile la préparation de ces entrées, puisqu'il les implique et les justifie par lui-même. C'est ce que Wagner n'a pu accepter. Il a voulu être tout seul avec ses thèmes, avoir

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