Page:NRF 11.djvu/741

Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTES 735

piété et un rare bonheur le rythme, les images, les paroles de Claudel. Mais quoique le consentement de Tauteur nous en ôte presque le droit, nous ne pouvons nous empêcher de protester contre les transformations qu'a subies V Annonce faite a Marie Non que nous voyions dans le changement de Pierre de Craon en Peter von Ulm, et du royaume délivré en un vague empire germanique, autre chose qu'un hommage : Cette annexion témoigne d'une certaine admiration nietzschéenne pour l'individualisme aristocratique du XVII* siècle français et la violence que faisaient aux anciens Corneille ou Racine. Mais la transposition gâte par ailleurs l'œuvre française. Il est dans le drame de Claudel des choses qu'on ne peut rendre, d'autres qu'on ne peut supprimer. Que signifie " Warum quakt (?) denn mein Herzchen ? Warum quSkt denn mein Schatzchen ? " auprès du " Quoi qu'i gnia, ma joie ? Quoi qu'i gnia, mon trésor ? " dont Mara accueille la résurrection de son enfant (devenue en allemand Obane ! !) ? Et dans la bouche des petits paysans :

Josef, lieber Josefmein au lieu de

Marguerite de Paris !

Prête-moi tes souliers gris !

Pour aller en paradis !

Non seulement l'allemand est impuissant — comme le français le serait pour le Volkslied — à donner ce qui n'est que de notre race et en particulier le parler où les gens de l'Est mêlent à leut rudesse un accent si tendre ; mais il est un autre accent, de l'âme celui-là, qui va se perdant à Hellerau.

Je n'avais jamais si bien senti que dans le drame de Claudel l'importance de l'atmosphère et ce lien mystérieux dont nos provinces sont liées à leur terre, à leur soleil, à leurs moissons. Il n'est pas indifférent au progrès de l'action que celle-ci se passe à Salhof ou à Combernon, qu'Anne Vercors parte du

�� �