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NOTES S'^S

théâtre; ils réclamaient " de l'action " au moment des interludes lyriques et sans doute du lyrisme au plus âpre de V " action " ; si bien que " Faction " leur semblait de partout absente. A un certain degré de simplification il n'admettent plus qu'il y ait drame ; il se confond pour eux avec l'imbroglio. L'effort qu'ils font pour ** démêler l'intrigue ", ils refusent de le faire pour entendre et comprendre. Et ils pensent entendre les Grecs ! — Une mise en scène simplifiée acheva de les dérouter. Selon le vœu de l'auteur, les gestes trop nerveux de la vie le cédaient à de calmes attitudes symboliques, le mouvement à la plastique. Charles Dullin jouait Louis Laine et Jacques Copeau Sir Thomas Pollock : une silhouette, dirent les journaux, inou- bliable.

Outre le Barbouillé dont j'ai parlé plus haut, le troisième spectacle comprenait la Navette et le Testament du Père Leleu. On pourrait longuement discuter les raisons, qui font que pour certains la comédie de Becque est insignifiante et discrète, pour les autres admirable et insondablement profonde. Je crois qu'on exagère des deux parts. C'est un ouvrage charmant, assez proche de Molière, en ceci que, conçu en raccourci, comme un vaude- ville ou comme une farce, il accueille dans le cadre le plus factice un maximum de vérité ; pas de mots (si : un seul) ; mais des traits de mœurs et de caractère, un peu gros, un peu prévus, mais fermes et parfois hardis. Et puis, comme Molière, cet auteur très amer tient ses personnages à distance — et de si loin, se résout à en rire. Oui, cela date, mais en un certain sens, — en prenant peu à peu " le style " des œuvres durables. L'anti- réalisme de Becque y est plus qu'en toute œuvre, flagrant. — La farce de M. Roger Martin du Gard est une farce réaliste, et jusqu'au patois du Berry inclusivement. Je me garderai bien d'en faire le récit. Sur le scénario vous jugeriez à coup sûr qu'il s'agit d'une de ces pièces macabres qui font courir Paris au Grand Guignol. Ou bien vous évoqueriez le temps du Théâtre Libre. Le réalisme n'est pas la violence, la crudité, le pitto-

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