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514 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

chaque ouvrage du célèbre auteur, car il ne faut pas être injuste et le dernier ne nous fait pas perdre mémoire de la Nouvelle Idole, des Fossiles, du Repas du Lion. Mais il s'agit exclusivement aujourd'hui de la Danse devant le Miroir et, par suite, de VJmour Brode.

L'auteur s'est indigné de ce qu'on eût présenté sa nouvelle pièce comme un rajeunissement de l'ancienne. " La Danse devant le Miroir, écrit-il, est une pièce complètement inédite, à part trente ou quarante lignes. J'y développe en effet un sujet très voisin de V Amour Brode, mais avec un point de départ et des développements tout différents ; en un mot c'est une pièce autre. " Pour appuyer cette déclaration, il réunit les deux ouvrages dans une même brochure où il nous est loisible de les confronter. — Je suis certain que là-dessus M. de Curel s'illusionne. Le sujet des deux pièces n'est pas seulement " très voisin " ; c'est le même sujet. Les trente ou quarante lignes, qui leur sont communes, se trouvent, par une rencontre malheureuse, être les plus frappantes, les plus essentielles et ramasser toute la pensée de l'auteur... Les personnages — ils sont trois : lui, elle et une confidente — demeurent, sous des noms distincts et à quelques nuances près identiques dans le fond ; or ici le fond seul importe... Bien mieux, l'ordonnance des scènes nouvelles se calque exactement sur le plan primitif... Enfin, le drame se résout dans les mêmes mots, par le même geste. — Aussi bien, d'une part et de l'autre, l'auteur résume ainsi son sujet et son œuvre double : " un vaudeville dont le souffleur est l'idéal ". V Amour Brode et la Danse devant le Miroir sont absolument ce même vaudeville ; sauf que, dans la version seconde, l'imbroglio s'embrouille, l'idéal souffle de plus belle... C'est quelque chose, mais c'est tout. Vraiment, ce penseur-psychologue, cet écrivain profond et qui fait profession de profondeur, accorde-t-il tant d'importance aux circonstances extérieures d'un drame d'idées, qu'il pense avoir changé sa pièce en changeant Méran en Bréan, et Gabrielle en Régine ;

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