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CHRONIQUE DE CAERDAL 495

— Ne le crois pas, mon fils. Le sourire est la fleur de l'adieu.

Mon immortalité est faite de mes morts succes- sives, de la beauté que j'y veux trouver, et de la conscience que j'en ai prise. Enfin, je n'en ai pas refusé une seule.

14. — J'ai peur de souflTrir.

— As tu peur d'être ?

15. — Qui es tu, pour être ainsi au dessus même de ta profonde négation ?

— Je suis la pensée brûlante qui monte de tous mes bûchers et des tisons qui raniment la forêt du sacrifice, sans mesure et sans fin, d'incendie en incendie.

— L'épouvante des cendres me saisit.

— Pour tout ce qui se consume, je n'ai plus une pensée. Je ne retiens de l'universel embrase- ment que la lumière. Et c'est pourtant en moi que toute cette vie se consume, avec tant et tant de peines.

La lumière n'est pas le bonheur. Penses-y.

16. — Faut-il toujours brûler ?

— Sans un objet de passion, la vie est le linceul pourri d'un songe.

17. — Ha, toujours brûler ! Et que ferons nous.

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