Page:NRF 11.djvu/472

Cette page n’a pas encore été corrigée

466 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

chose de terrible : Julius, mon ami, celui que vous avez vu ce matin...

— Que je n'ai pas vu, voulez-vous dire.

— Précisément... n'est pas le vrai.

— Vous dites ?

— Je dis que vous n'avez pas pu voir le pape, pour cette monstrueuse raison que... je le tiens de source clan- destine et certaine : le vrai pape est confisqué.

Cette étonnante révélation eut sur Julius l'effet le plus inattendu : Il quitta soudain le bras d'Amédée et trottant par devant, tout au travers du vicolo, il criait :

— Ah ! non. Ah ! ça, par exemple, non, non, non ! Puis se rapprochant d'Amédée :

— Comment ! J'arrive, et à grand peine, à me purger l'esprit de tout cela ; je me convaincs qu'il n'y a rien à attendre de là, rien à espérer, rien à admettre ; qu'An- thime a été joué, que tous nous sommes joués, que ce sont là des pharmacies ! et qu'il ne reste plus qu'à en rire... Eh quoi ! je me libère ; et je n'en suis pas plutôt consolé que vous venez me dire : Halte là ! Il y a male-donne : Recommencez ! Ah ! non, par exemple ! Ah ! ça : non jamais ! Je m'en tiens là. Si celui-là n'est pas le vrai : TANT PIS !

Fleurissoire était consterné.

— Mais, disait-il, l'Eglise... et il déplorait que son enrouement ne lui permît pas d'éloquence. — Mais, si l'Eglise elle-même est jouée ?

Julius se mit de biais devant lui, lui coupant à demi la route et, sur un ton persifleur et tranchant qu'il n'avait pas accoutumé :

— Eh bien ! qu'est-ce-que-ce-la-vous-fait ?

�� �