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38 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

pensant que l'abjuration en serait d'autant plus remarquée. Deux jours après, le haut grade d'Anthime n'était plus un secret pour aucun des lecteurs de VObservatore ni de la Santa Croce.

— Vous me perdez, disait Anthime.

— Eh ! mon fils, au contraire, répondait le père Anselme ; nous vous apportons le salut. Quant à ce qui est des besoins matériels, n'en ayez cure : l'Eglise y sub- viendra. J'ai longuement entretenu de votre cas le cardinal Pazzi qui doit en référer à Rampolla ; vous dirai-je enfin que, déjà, votre abjuration n'est pas ignorée de notre Saint Père ; l'Eglise saura reconnaître ce que vous sacri- fiez pour elle et n'entend pas que vous soyez frustré. Au demeurant,ne pensez- vous pas que vous vous exagérez l'effi- cace (il souriait) des Francs-Maçons dans l'occurence ? Ce n'est pas que je ne sache qu'il faut trop souvent compter avec eux!... Enfin avez-vous fait l'estimation de ce que vous craignez que leur hostilité ne vous fasse perdre ? Dites-nous la somme, à peu près et... (il leva l'index de la main gauche à hauteur du ne3^ avec une bénignité malicieuse) et ne craignez rien.

Dix jours après les fêtes du Jubilé, l'abjuration d'An- thime se fit au Jésu, entourée d'une pompe excessive. Je n'ai pas à relater cette cérémonie dont s'occupèrent tous les journaux italiens de l'époque. Le père V. Socius du général des jésuites, prononça à cette occasion un de ses plus remarquables discours: Certainement l'âme du franc- maçon était tourmentée jusqu'à la folie, et l'excès même de sa haine était un présage d'amour. L'orateur sacré rappelait alors Saul de Tarse, découvrait entre le geste iconoclaste d'Anthime et la lapidation de Saint Etienne

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