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414 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

jouait dans la vie même — en dramaturge et, si vous voulez, en comédien, il était résolu aux simplifications les plus hardies. 11 retouchait volon- tairement son personnage, dans un dessein précis et pour un effet maximum. Qu'il sentît ou non en lui l'étoffe d'un héros, il faisait tout de même, comme si cela était. Il pouvait, à certaines heures, paraître un grand homme et l'être vraiment ; mais prétendait " pour la patrie " ne jamais cesser de le paraître. Il avait adopté une redingote flottante, à larges plis comme un drapeau : ce n'était pas par élégance.

Il disait aux Tharaud : " Je sais bien ce qu'on me reproche. On dit de moi : Déroulède, c'est un exalté ou un simple. Je ne suis ni l'un ni l'autre ; je ne suis ni fou, ni sot. Si ma carrière avec ses déceptions, ses échecs peut sembler déraisonnable, la faute n'en est pas à moi, ou plutôt la faute en est au caractère d'une existence qui a toujours été en mouvement. " " Plus on ira, ajoute-t-il, plus on saura que j'ai été à deux doigts de réussir. . . " Mais ceci, c'est l'histoire... et il faut savoir gré sur- tout aux Tharaud de nous avoir restitué avec elle, le poème, la légende, le drame volontaire dans lequel en vivant Déroulède s'est exprimé. Dans quelle vie, dites-moi, trouverons-nous cette conti- nuité d'héroïsme, de gestes hardis, et de " mots sublimes " ? Quelle " vie " aujourd'hui, sinon celle- ci, ne découragerait la plume d'un Plutarque ?

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