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384 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

�� ��26 octobre 1909.

... Je suis vaillant, je suis actif, et je suis triste. Je tiens ma vie entre mes mains, et je voudrais la retenir. Par suite d'un concours de circonstances que je t'expliquerai plus tard, j'ai des tentations que je te dirai. Sache seulement pour l'instant que j'en suis à choisir entre le gilet blanc de Prévost- Paradol et les lunettes bleues de Taine, entre la dispersion éclatante et la grave concentration. Tu me rendras cette justice que je ne suis pas ambi- tieux. Mais je ne voudrais pas être lâche. J'aurais voulu être agrégé cette année. J'aurais ainsi contre les tentations qui m'assaillent un humble et solide bouclier universitaire. J'aime passionnément la vie, où l'on entend le bruit que font les jours en tombant sur les jours, où l'on progresse en même temps que sa thèse, où l'on s'augmente en même temps que sa bibliothèque, où l'on boit le dimanche du Bordeaux avec ses collègues et leurs femmes, où l'on s'achemine avec une pru- dence réservée, et en somme hautaine, vers h retraite, la croix et la soixantaine. J'aime la pau- vreté confortable de ce célibataire qu'est Chartier,, l'indépendance docile et pensive des fonctionnaires provinciaux, l'air emprunté qu'ils ont tous, qu'aun Monceaux quand il sera de l'Institut. J'aime enfii

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