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NOTES


LOUIS NAZZI.

De tous ceux que groupe la Nouvelle Revue Française, c'est Jacques Copeau qui depuis le plus longtemps connaissait Louis Nazzi et qui le connaissait le plus intimement. Aussi n'avait-il voulu céder à personne la tâche de retracer ici l'image qu'il conservait de cet ami, de dire l'affection qu'il lui avait portée, la confiance qu'il lui avait faite, quelles espérances la mort venait d'anéantir. Mais puisque, encore ce mois-ci, d'autres travaux l'accaparent, ne tardons plus à rappeler, fût-ce imparfaitement, quel loyal, quel fidèle et vaillant compagnon nous avons perdu.

Il y a bien des années, sous une couverture rouge, parut un mince fascicule de petit format, Sincérité par Louis Nazzi. C'était le premier numéro d'une revue qu'il comptait rédiger entièrement lui-même. Y eut-il un second numéro ? Il n'y en eut en tout cas pas plus de trois ; mais il n'en fallait pas davantage pour retenir l'attention de ceux qui avaient lu ces feuillets et pour gagner l'estime de quiconque avait l'oreille sensible à un certain accent de droiture. Le titre qu'avait choisi Louis Nazzi le définit lui-même. Si sincère que l'on fût à son égard, on se sentait toujours avec lui en reste de sincérité, tant ses scrupules étaient exigeants et tant il percevait finement la moindre dissonance. “ Ne vous étonnez pas, m'avait-on dit au moment où je devais le rencontrer pour la première fois, ne vous étonnez pas si dans l'instant où vous vous sentez parfaitement d'accord