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LES CAVES DU VATICAN 285

foulard, ce qui gêna considérablement sa volupté respira- toire, et ne l'empêcha pas d'être piqué au menton.

Alors le moustique, repu sans doute, se tint coi ; du moins Amédée, vaincu par le sommeil, cessa-t-il de l'entendre ; il avait enlevé le foulard et dormait d'un sommeil enfiévré ; il se grattait tout en dormant. Le lendemain matin son nez,qu'il avait naturellement aquilin, ressemblait à un nez d'ivrogne ; le bouton du jarret bourgeonnait comme un clou et celui du menton avait pris un aspect volcanique — qu'il recommanda à la sollicitude du barbier lorsqu'avant de quitter Gênes il se fit raser, pour arriver décent à Rome.

��II

��A Rome, comme il lanternait devant la gare, sa valise à la main, si fatigué, si désorienté, si perplexe qu'il ne se décidait à rien et ne se sentait plus de force que pour repousser les avances des portiers d'hôtels, Fleurissoire eut la fortune de rencontrer un facchino qui parlait français. Baptistin était un jeune natif de Marseille, presque glabre encore, à l'œil vif, qui, reconnaissant en Fleurissoire un pays, s'offrit à le guider et à lui porter sa valise.

Fleurissoire, durant la longueur du voyage avait potassé son Baedeker. Une sorte d'instinct, de pressentiment, d'avertissement intérieur, détourna presque aussitôt du Vatican sa pieuse sollicitude, pour la concentrer sur le Château Saint-Ange, l'ancien Mausolée d'Adrien, cette geôle célèbre qui, dans de secrets cachots, avait jadis abrité maints prisonniers illustres, et qu'un corridor souterrain relie, paraît-il, au Vatican.

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