Page:NRF 11.djvu/252

Cette page n’a pas encore été corrigée

246 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

la comtesse), Léon XIII laissa s'élever son indignation véhémente. Sa protestation fut entendue de la terre «ntière ; et toute la chrétienté trembla en l'entendant parler de quitter Rome ! Quitter Rome, j'ai dit !... Tout ceci, Madame la comtesse, vous le savez déjà, vous en avez souffert et vous en souvenez comme moi. Il reprit sa marche :

— Enfin Crispi fut déchu du pouvoir. L'Eglise allait- «11e respirer ? En décembre 92 le pape écrivait donc ces deux lettres. Madame...

Il se rassit, approcha brusquement son fauteuil du canapé et saisissant le bras de la comtesse :

— Un mois après le pape était emprisonné.

La comtesse s'obstinant à demeurer coite, le chanoine lâcha son bras, reprit sur un ton plus posé :

— Je ne chercherai pas. Madame, à vous apitoyer sur les souffrances d'un captif; le cœur des femmes est tou- jours prompt à s'émouvoir au spectacle des infortunes. Je m'adresse à votre intelligence, comtesse, et vous invite à considérer le désarroi où, chrétiens, la disparition de notre chef spirituel nous a plongés.

Un léger pli se marqua sur le front pâle de la comtesse.

— Plus de pape est affreux. Madame. Mais, qu'à cela ne tienne : un faux pape est plus affreux encore. Car pour dissimuler son crime, que dis-je ? pour inviter l'Eglise à se démanteler et à se livrer elle-même, la Loge a installé sur le trône pontifical, en place de Léon XIII, je ne sais» quel suppôt du Quirinal, quel mannequin à l'image de leur sainte victime, quel imposteur, auquel, par crainte de nuire au vrai, il nous faut feindre de nous soumettre,

�� �