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NOTES 171

signés et d'attribution douteuse, qui n'ont pas pu être choisis de confiance, sur le nom, mais Tont été sur leur valeur réelle. De qui sont-ils ? cela ne me fait rien ; car ils sont dignes de leur siècle.

Et j'en dirais autant de la peinture, du mobilier, des objets d'art qui prolongent le long des murs le chant des bronzes et des marbres. Ici, un Tiepolo a plus de grâce qu'à Venise ; un Carpaccio n'y a pas moins d'esprit et le couleur ; l'atmos- phère fait même un sort à un Fiorenzo di Lorenzo, habile démarquage de Filippo Lippi et de Botticelli qu'on ne remar- querait pas à Pérouse. Il s'agit d'un parent un peu éloigné ; mais du moins d'un parent ; la Renaissance Florentine ne forme ici qu'une famille... — Je ne puis pas énumérer et encore moins étudier ces trésors. Les ombres de Mantegna, de Signorelli ou de l'école de Venise, par tout ce qu'elles nous rappelent, viennent d'abord troubler le jugement et nous disposent mal à la critique. Aucune collection ne peut sonner plus juste. On y voit les époques s'harmoniser entre elles, ce très beau fragment grec aux petits bronzes païens de Ghiberti et de Pollajuolo, l'adorable yue de Venue de Guardi au Début du Modèle de Fragonard, ce manuscrit persan au tryptique en émail de Jean i^"" Penicaud de Limoges, ce masque égyptien au beau portrait de franciscain que l'on s'étonne un peu, bien que l'attribution en soit certaine, de voir signé de Murillo : Lancret à Tiepolo, Reynolds à Pontormo et Jean Bologne à Pigalle. Si on douta jamais que l'art, né de la démarche la plu» personnelle de l'individu, est cependant un être social qui sait faire l'unité de son époque et l'unité des époques dans le temps, voici le lieu où l'on s'en peut convaincre. Ce n'est pas un musée, mais une compagnie vivante de toiles, de meubles, de statues, de tapisseries et de menus objets, qui sont heureux de voisiner en dépit de nos fausses hiérarchies.

H. G.

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