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NOTES 1059

n'est pas véritablement dépouillée : car elle ne pourra longtemps s'arrêter, comme son père, à l'illusion que cet esprit, qui en elle exige et commande, n'est rien de plus que son esprit, son rêve tout individuel... Toutes ces questions abstruses, je le sais, ne surgiraient pas au théâtre dans la pensée d'un spectateur ; mais, sans franchir le seuil de la conscience claire, il est probable qu'elles se traduiraient par un sentiment de malaise confus.

M. A.

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��LE JAPON, par Lafcadio Heartty traduit de l'anglais par Marc Logé (Mercure de France, 3 fr. 50).

On sait que Lafcadio Hearn, fils d'un père anglais et d'une mère hellène, artiste formé par les lettres françaises, mais très curieux d'exotisme et de légendes étranges, quitta les Etats- Unis pour se fixer comme professeur au Japon, et dès lors n'écrivit plus que pour révéler aux Occidentaux les charmes et les vertus de sa nouvelle patrie. Comme il en parla fort bien, on le copie beaucoup sans le nommer. A lui seul sont emprun- tées maintes variations sur le " sourire japonais " ; et c'est d'après lui qu'on caractérise le grand dessein de l'aristocratie nippone : l'efibrt pour sauver l'âme d'une culture antique en empruntant non les mœurs, mais l'outillage matériel d'une civilisation plus fortement armée.

Le Japon rassemble des conférences destinées à l'Université de Cornell ; Hearn corrigea les épreuves du livre peu de temps avant sa mort. Il n'y faut donc pas chercher, comme dans les œuvres précédemment traduites, l'enchantement de ses pre- mières surprises, mais les résultats d'une expérience de quatorze ans, complétée par des recherches érudites ; c'est une œuvre didactique de sociologie et d'histoire. La moitié — plus de deux cents pages — étudie la famille, le culte domestique, les croyances et les rites du shintoïsme et du bouddhisme ; car on

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