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I034 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

bel entretien d*un livre ou d'un poète à toutes les jouissances vulgaires, Stendhal est toujours prêt à trouver une volupté suprême dans la gloire, dans l'honneur, dans l'action héroïque, en toutes ces fleurs de l'âme qu'on ne peut cueillir, le plus souvent, qu'en tranchant la tige de la vie.

Le plus réaliste des hommes par l'esprit, il ne respire que pour les causes idéales ; et c'est la raison même qui lui en révèle la réalité, comme elle lui en fait connaître le prix. Il ne tient si fortement à la terre, que pour bondir au dessus de la boue, des fossés et des plats chemins. Il est toujours à cheval, et toujours au galop sur la plaine. Les partis les plus beaux sont pour lui les plus vrais. Le héros et les amants passionnés lui semblent les plus raisonnables entre les hommes : seuls, ils ont fait de la vie un emploi qui vaut la peine de vivre.

Rien ne lui plaît que les choix généreux du sentiment. Il ne croit qu'à l'amour sans calcul et aux œuvres héroïques : voilà tout ce qui compte dans la vie ; et dans la mort, il croit passionnément à la gloire.

Enfin, je trouve en lui, plus qu'en personne, le goût divin de la France pour l'immortalité.

André Suares. Avril içii.

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