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CHRONIQUE DE CAERDAL IOI9

s'empare de ce pouvoir contre le gré de ceux mêmes sur qui on Texerce. Il ne faut qu'une occa- sion à la conquête spirituelle : Stendhal l'avait à Paris, et ne l'avait pas à Rome. Il ne l'eût pas trouvée davantage dans sa chère ville de Milan, capitale du ballet et de l'opéra bouffe. Au déclin de ses jours, je m'assure que la passion de Stendhal pour l'Italie était de pure imagination. Il vivait dans l'Italie tragique du moyen-âge, et dans l'Italie amoureuse de sa jeunesse. L'une et l'autre ne sont plus que des souvenirs. L'Italie se faisait déjà aussi niaise et morale que l'ennuyeux Manzoni. Dès lors, Stendhal n'eût pas été fâché de passer à Paris cinq mois sur douze. Là, on pense. Là, on fait la grande guerre de l'esprit. Là, le combat des idées et de l'art ne finit jamais. Voilà le dernier effort, les formes toujours jeunes de l'immortelle passion, et la vie héroïque quand on n'a plus trente ans ni cinquante.

��XII

��CENT NOMS ET UN SEUL HOMME

I. Comme il s'est connu, ce Stendhal ! A quelle profondeur n'a-t-il pas vu son propre mystère, en acceptant de ne pas l'expliquer ? Et d'ailleurs, il mesure ses propres richesses à la misère d'autrui. Il ne se vante de rien ; mais il est

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