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aimant. C'est bien assez pour avoir été homme. On a eu le bonheur de vivre, et la fatale peine. On voudrait l'avoir toujours. On consentirait à dix, à cent autres vies, à dix mille, pourvu qu’on eût l'amour, qu’on fût jeune encore et qu’on pût donner l’illusion de l’être. Nous passerons donc au noir nos cheveux et notre collier de barbe. Ha, ne nous laissons pas faire par la vieillesse, ce vil exempt de la prison commune. Pardieu, la vie est là, tant qu’elle y est. Et le bonheur, qui est une conquête. Et l’amour, qui est l’illusion d'avoir tout conquis dans une seule proie et seule désirée, et qui vous rit.

IX
CIMAROSA

Stendhal croit aimer la musique. Il n’aime que l'amour.

Le chant est pour lui l’invitation au voyage du sentiment. Parce qu’il est passionné, la musique lui parle, et il cherche sa passion en elle. La musique est la réponse du rêve aux passions malheureuses.

Une musique ne plaît à Stendhal que si elle est heureuse et tendre. L’amour passionné, tel qu’il l’envie et tel qu’il le connaît, est un sentiment tendre qui occupe toute l’âme, et que le plaisir ne