Page:NRF 11.djvu/1011

Cette page n’a pas encore été corrigée

CHRONIQUE DE CAERDAL IOO5

tristes, il parut le bouffon le plus cruel. Le même rire l'a dû prendre, qu'il avouait plus tard à Balzac. Dans cette feinte ivresse, il s'est comparé à ces deux illustres, bien plus admirables à leur propre jugement qu'ils n'étaient déjà célèbres dans le monde. Lui, l'homme de Rouge et Noir^ et qui rentrait à Civita Vecchia pour finir la Chartreuse de Parmey n'était pour ce ménage de coquebins sublimes que le gros Belle, ou le spirituel Stendhal, un bourgeois un peu ridicule, une méchante langue, peut être un envieux, incapable de com- prendre les grandes passions, la femme à pipe et les poètes. Et de boire, et de rire ! Car, sans peser lui-même son propre génie, il savait bien pourtant que, pour faire équilibre à sa puissante intelligence, à l'ardeur de sa vie, à la réalité de ses émotions, à la plus vaste expérience des faits et des individus, à l'immortelle vigueur de son invention, à sa profondeur vive, ce n'est pas ce pauvre couple d'amants partant pour les travaux forcés de Venise, qu'il eût fallu placer dans la balance : trois cents lo et dix petits béliers ne font pas encore une nature d'homme.

Quoi } 11 y a dix ou onze livres, tous les cent ans, qui sont assurés de la durée : en son siècle, deux pour le moins sont de Stendhal. Voilà de quoi la Muse de l'herbage, Indiana, Consuelo, Consuela, ou de quelque nom qu'on la nomme, n'a pas la moindre idée. Devant le Château des

�� �