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994 ^^ NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Alberni^ 10 novembre.

Je suis toujours ici. La pluie continue à tomber et les saumons à mourir. Maintenant leurs cadavres flottent en grand nombre sur le fjord. La personne qui aurait le courage de les recueillir et de les vendre comme engrais ferait, je crois, une bonne affaire. C'est triste et laid, et cela ne sent pas bon. Enfin je ne dois pas trop médire des saumons morts, car ils m'ont valu un ami. C'est wn affreux gamin de quatorze ans, qui a perdu ses dents de devant en se battant avec un camarade. Je l'ai découvert en train de harponner des saumons morts, du haut d'un pont, et quand il a su que j'avais un bateau et une carabine, il a déclaré sans broncher qu'il sortirait avec moi chaque fois qu'il aurait congé (il est employé chez un boulanger). C'est ainsi que, dimanche dernier, amusé par ses manières de tyranneau, j'ai passé la journée sur l'eau par une pluie battante. Il aurait voulu monopoliser ma carabine, tandis que je ramerais. A la fin je lui ai dit tout net que s'il ne s'ennMait pas parmi les *' boy scouts ", c'en était fini de son amitié avec la " girl française ".

Miss Maclaverty, chassée par le froid se décide à quitter sa tente. Elle cherche une situation ; on lui offre une place de jardinière et de groom, qu'elle va sans doute accepter.

Alherni^ 12 novembre.

L'autre soir, bal de charité à Alberni. J'y suis allée par curiosité. La fête se passait dans une salle de réunion, décorée de drapeaux. Il était venu quelques jeunes filles en toilette de soirée, beaucoup d'hommts en chemise de flanelle et souliers à c'ous. Des femmes avaient amené

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