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D’UNE PARISIENNE

gravissant la montée rude de l’existence, certes, la tâche est difficile, et l’admiration va vers celles qui ont noblement supporté le poids de cette délicate mission.

La femme, cet être faible et charmant, ce bibelot d’étagère, cette figurine de Saxe, jolie et futile, peut, selon son gré, inspirer à l’homme des envolées de génie, des bassesses ou des lâchetés. Elle est sa bonne ou sa mauvaise étoile.

Et que l’on ne vienne pas invoquer la force du mâle, sa volonté, sa robustesse ; en dépit de lui, à son insu même, il subit le magnétisme féminin de celle qui partage sa vie. Il peut se cabrer sous la révolte de son moi ; peu à peu, sa pensée s’exalte ou faiblit, il croît ou décroît, incline à droite ou oscille à gauche suivant la direction douce, mais ferme, tenace et têtue de la femme.

Le poète puise dans l’amour violent, fort, passionné, ses beaux vers martelés, tout flamboyants ; il trouve les notes tristes, maladives, névrosées, dans l’acuité de la souffrance de l’amour malheureux.