Page:Néron - Notes et impressions d'une parisienne, 1914.pdf/308

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
286
NOTES ET IMPRESSIONS

À bord du Standart, le commandant, dont nous apercevons la poitrine chamarrée de décorations, salue de la main ; de formidables hourras nous répondent. En même temps, les musiciens massés à l’arrière jouent la Marseillaise.

La minute ne manque pas de grandeur ; mais ce n’est qu’une vision, déjà le Standart disparaît dans un sillage d’écume, et nous recommençons à souffrir des coups de lame et d’un effroyable tangage.

Dans la brume, les côtes se dessinent finement découpées : des villages aux clochetons aigus passent, des moulins à vent secouent leurs ailes ; le coup d’œil serait pittoresque n’étaient le vent qui souffle très froid, la pluie qui nous transit et, par-dessus tout, l’horrible mal de mer qui peu à peu s’est emparé des passagers.

Des matelots circulent, offrant du rhum, de l’éther coupé d’eau ; indifférents au grain, ils mordent avec appétit dans d’énormes tranches de pain beurré ; on se prend à envier leur belle sérénité.

Bientôt d’autres bâtiments nous rejoignent :