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NOTES ET IMPRESSIONS

— Ce n’est pas un achat, c’est cadeau.

La tante admire alors sans réserve ; ses yeux sont pleins de désirs. Elle s’accommoderait bien de la parure mauve, voire même des roses jaunes. Elle a un petit soupir de regret lorsqu’elle me voit refermer les boîtes de fleurs.

— Rien pouvoir acheter, murmure-t-elle. Mais bien avoir offert à Ranavalo. Remerciements, remerciements.

— Dire qu’elle avait des millions, celle-là, et qu’aujourd’hui elle ne peut même pas se payer une fantaisie, murmure rageusement la gouvernante.

Au moment de me retirer je jette un coup d’œil vers la chambre où vient de disparaître la reine. Par la porte entr’ouverte j’aperçois la table de toilette garnie de rideaux de mousseline, le broc et le seau hygiénique.

— Oui, gémit Mme Delpeux, nous n’avons même pas de cabinet de toilette, et, faute de portemanteaux, les robes de la reine restent dans les malles ou sont étalées sur les chaises. La reine ne se plaint jamais, c’est un vrai mou-