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D’UNE PARISIENNE

les légendaires animaux de l’étable, quelques fidèles allument de petits cierges de deux sous que débite une marchande assise dans un fauteuil et qui offre aussi des Jésus de sucre, des croix en chocolat et des pères Noël poudrés de givre. C’est le bazar installé dans le temple, et la vendeuse de bimbeloteries religieuses mêle le côté ridicule de l’épicerie à des cérémonies qu’on voudrait imposantes.

Poussons du côté de Belleville, où la rumeur révolutionnaire n’est jamais éteinte. Il faut suivre la longue rue des Pyrénées avec ses chantiers, ses terrains vagues, ses maisons en construction. Les charcuteries seules demeurent ouvertes, avec leurs étalages de porc frais dont les chairs roses piquent une note claire entre les assiettes de boudins et les pyramides d’andouillettes.

Dans un terrain vague trois roulottes sont venues s’échouer ; accroupies dans la nuit, elles m’apparaissent tout à coup, là, comme de luxueux appartements ; on essaye de s’égayer pour passer cette nuit de Noël. L’étroit tuyau de