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NOTES ET IMPRESSIONS

plique-t-elle, de mes petites connaissances littéraires ; il les encouragea. Tous les jours nous lisions les journaux ensemble ; il m’apportait toutes les nouveautés de la librairie.

La blanchisseuse n’abandonna pourtant jamais son fer à repasser. Le peintre aurait pu la déguiser en dame élégante, elle était assez belle pour cela ; il préféra lui conserver son caractère particulier et très curieux d’ouvrière frottée de belles-lettres. Il avait tant de confiance dans son appréciation que jamais une toile ne sortit de son atelier sans qu’elle eût donné son avis sur le tableau.

Avis qui se trouvait presque toujours bon et dont religieusement il tenait compte, à ce qu’affirment les intimes du mort. Puvis de Chavannes prit fort souvent Berthe Audran pour modèle.

On retrouve les lignes régulières de son visage, son pur profil classique, dans la sainte Geneviève du Panthéon, et c’est encore la blanchisseuse qui posa la tête de femme personnifiant la Sorbonne, un beau tableau de Puvis de