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NOTES ET IMPRESSIONS

anglaises et de la chevauchée macabre de tant de pauvres soldats, partis en chantant, et qui jamais plus ne reverront leur brumeux pays ?

La conférencière hoche la tête toute désolée à la pensée de ces tueries.

— Il y a surtout, me répond-elle, beaucoup de surprise, de la stupeur même. Le peuple anglais ne pouvait s’imaginer qu’il y aurait une guerre pour de bon. Cet effondrement des soldats effare tout le monde, mais la population anglaise concentre ses sentiments et attend les événements, résignée.

Louise Michel me parle aussi des socialistes, qui sont désolés et qu’il ne faudrait point croire lâches, mais qui ont péché par trop de confiance. Elle me retrace le tableau effrayant du meeting pour la paix troublé par les clameurs des jingoïstes réclamant la guerre.

— La plupart sont de bonne foi, ajoute Louise Michel, ils sont persuadés que la vieille Angleterre ne peut être défendue que par le sabre et le fusil. Aussi devant les pertes énormes de leurs bataillons, ceux qui voulaient la guerre